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Blog de EDUFORM AFRIQUE Magazine - Blog d' information et d'analyse des questions de l'éducation, de la formation, de la recherche et de l'innovation au service du développement de l'Afrique


L’Afrique francophone rame –t-elle à contre-courant ?

Publié par Bernadin AGBOKPE sur 29 Juillet 2020, 10:46am

A la suite du Pr AKKARI, qui, dans sa livraison récente (Tribune « Point de vue » dans EDUFORM AFRIQUE n°37), prescrit qu’« Il faut sortir de l’analyse manichéenne opposant école publique à école privée », il nous semble opportun de prolonger l’analyse en abordant  l’autre pan de la question de la privatisation de l’éducation : la marchandisation (ou la commercialisation) de l’éducation.

 

En effet, pour « défendre et protéger » l’éducation en tant que service public, des voix s’élèvent en Afrique francophone pour dénoncer ce qu’ils appellent la « marchandisation de l’éducation ». Un terme pour stigmatiser les établissements privés qui se comporteraient comme des commerçants en quêtes de profit ; des acteurs venus faire fortune dans un secteur réputé social.

Il s’agit d’un lobby de la société civile francophone, qui s’engage à contrer un phénomène qu’il dit "grandissant" et angoissant. Il s’inquiète de la montée en puissance dans ce secteur, du privé qui y trouve des opportunités d’affaires. De leur position, l’éducation est du service public et toute incursion du privé doit être surveillée voire limitée. On doit veiller à ce que ce soit des établissements dont les recettes tirées de leurs offres couvrent leurs investissements qui y soient autorisés  et non pas ceux qui viendront s’enrichir.

Une lecture malheureusement assez limitée de notre point de vue, de ce que c’est l’éducation. Rappelons à toutes fins utiles, que l'éducation est, étymologiquement, l'action de « guider hors de », c'est-à-dire développer, faire produire. Il signifie maintenant plus couramment l'apprentissage et le développement des facultés physiques, psychiques et intellectuelles, et même par extension les moyens et les résultats de cette activité de développement. L’éducation correspond donc à la formation globale d'un individu, à tous  niveaux (au niveau religieux, moral, social, technique, scientifique, médical, etc.). De ce fait, les premiers acteurs et responsables de l’éducation des enfants sont les parents qui doivent leur donner les outils pour une vie autonome convenable.        
Aussi, les parents délèguent-ils une partie de leur devoir à l’Etat qui a mandat de gérer la cité et qui dispose des moyens d’élargir les offres aux domaines techniques et scientifiques. Dès lors, l’Etat a le devoir de garantir aux enfants leur droit à l’éducation, entendez, l’instruction et la formation et ce, dans l’équité.

Seulement, avec la forte croissance démographique, les Etats sont confrontés à la montée conséquente de la demande qui dépasse leurs possibilités. Alors, le privé est appelé à la rescousse. Mieux, par la diversité de son offre et sa réactivité le privé sait répondre à cette demande grandissante d’éducation dans cet environnement africain et international de compétitivité. L’ouverture du secteur aux investissements privés, tant avec ses vertus et qu’avec ses vices, est donc incontournable.

L’éducation a un coup, plus encore une éducation de qualité. Accepter que le secteur privé y investisse et lui refuser d’y faire du profit relève de l’hypocrisie.

C’est une réalité connue voire dépassée dans l’espace anglophone d’Afrique, qui pourtant a une longueur d’avance indéniable sur l’espace francophone.

Le service public offre le standard, l’éducation conçue comme « nationale », mais le privé propose en sus une valeur ajoutée, ce qui justifie son coût.

Il ne reste à l’Etat que de définir les référentiels, le cadre normatif dans lequel les initiatives privées peuvent s’émouvoir. Or au dire du Pr AKKARI, la plupart des pays ne disposent pas de ressources et d’institutions capables de veiller à la conformité et à la qualité pédagogique de l’offre privée au-delà de l’autorisation administrative d’opérer. Dans ces conditions on fait quoi ?

On se résout au constat que la dimension service public de l’éducation aura évolué. Alors, se liguer pour arrêter un mouvement irréversible est un peu comme ramé à contre-courant et donc contre-productif.

         Publié dans EDUFORM AFRIQUE Magazine N°39

 

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